Photo : Untitled Floor Globe par Kae Sasaki, 2021.
La résidence pour artistes au Mont-Riding permet aux artistes professionnels du Manitoba de se consacrer à leur travail dans le chalet historique de Deep Bay, situé dans le magnifique cadre naturel du Parc national du Mont-Riding.
La prochaine artiste résidente pour 2023 est Kae Sasaki, peintre et artiste en arts visuels basée à Winnipeg. Avant de s’installer dans le chalet historique de Deep Bay, Kae a répondu à quelques-unes de nos questions sur son art, son lien avec le parc et la façon dont elle passera sa résidence.
CAM : Parlez-nous un peu de votre pratique et de vous en tant qu’artiste.
Kae Sasaki : Je suis une artiste en arts visuels d’origine japonaise qui a immigré de Tokyo au Canada en 2000.
J’ai grandi en ayant accès à des perles japonaises de haute qualité que ma mère et ma grand-mère collectionnaient pour de petits projets occasionnels et en ayant un nombre incalculable de sacs perlés qui accompagnaient les kimonos, mais ce n’est que vers 2015 que j’ai acquis mon premier sac perlé d’époque et que j’ai commencé à prêter attention à l’artisanat des sacs perlés fabriqués au Japon.
Après avoir lu des articles sur le déclin de l’industrie des perles, j’ai commencé à collectionner de vieux sacs en perles dans les marchés de seconde main au Canada et aux États-Unis (qui ne sont pas aussi bien faits que ceux qui circulent au Japon; ils ont souvent des motifs simples sur un seul côté des sacs, alors que les perles sont de la même qualité), et au début de la pandémie, je me suis sentie justifiée de recueillir les perles de vieux sacs en perles endommagés et j’ai commencé à les utiliser pour mes propres œuvres.
Mon intention est de redonner vie à ce qui était fabriqué dans mon pays pour l’exportation après la Seconde Guerre mondiale et d’insuffler une nouvelle vie aux matériaux, tout en veillant à ce que mon travail serve de support aux générations futures qui souhaiteraient répéter le processus.
Parlez-nous du projet qui occupera votre temps au chalet de Deep Bay.
Pendant ma résidence, j’ai l’intention de réaliser une nouvelle œuvre à partir de perles japonaises d’époque recyclées, en commençant par désassembler les perles de sacs de perles japonaises d’époque que j’ai collectionnés (ceux qui sont jugés inutilisables en raison de perles manquantes, de taches et de dommages), puis de les tisser en une « serviette » perlée d’environ 9,5 x 25 po et de l’installer dans un porte-serviette en métal que j’ai trouvé.
C’est la première fois que j’essaie de tisser des perles sur un métier à tisser, car mes œuvres précédentes étaient généralement soutenues par une base en tissu. J’ai acquis une certaine expérience du perlage sans support de tissu lorsque j’ai créé une œuvre de perles sur un globe, mais ce nouveau projet sera entièrement tenu par le fil, ce qui me donnera l’occasion d’apprendre une toute nouvelle série de compétences en matière de perlage, et j’espère que je pourrai perfectionner la méthode après avoir achevé l’œuvre avec succès.
Quelle est votre relation avec le parc?
La première fois que j’ai visité le Parc national du Mont-Riding, c’était en 2018, lorsque j’ai séjourné dans une yourte avec ma famille pour la fin de semaine de l’Action de grâce et que j’ai fait l’expérience du camping d’hiver dans la neige. Je me souviens d’avoir rempli ma demande de résidence peu de temps après ce voyage dans l’espoir de retourner au parc dans le futur. À l’été 2019, j’ai eu le plaisir de passer deux semaines productives au chalet de Deep Bay au Parc national du Mont-Riding en tant qu’artiste résidente pour travailler sur un kimono perlé. Comme ma pratique en studio est principalement la peinture figurative, j’étais reconnaissante d’avoir l’occasion de créer un projet dans un tout nouveau médium. Cette expérience m’a donné la confiance et la capacité de créer deux autres œuvres pendant plusieurs mois au cours de la pandémie, alors que j’étais confinée à la maison.
Quelle influence ou inspiration espérez-vous retirer de votre projet ou de votre pratique dans le parc?
J’ai hâte d’avoir de longues journées d’été et la lumière naturelle pour travailler, et d’être extrêmement productive pendant la résidence, loin de la maison et des responsabilités, afin de réaliser autant de perlage que possible en deux semaines. J’ai également hâte d’être à quelques pas d’une étendue d’eau et de pouvoir échanger avec la communauté dynamique de Clear Lake pendant mon séjour.
Y a-t-il autre chose que vous aimeriez partager avec les lecteurs et la communauté du Parc national du Mont-Riding?
Le perlage est apparu au Japon après le IVe siècle, pendant l’ère de Kofun, et était utilisé pour décorer des objets et des amulettes pour les femmes. Plus de centaines de milliers de perles de verre sont conservées dans le temple Shosoin en tant qu’artefacts historiques. Au IXe siècle, les perles ont complètement disparu de la culture japonaise pour les 700 années suivantes, en partie parce qu’un perlage lourd nuisait au nouveau style de kimono à plusieurs couches. Les commerçants européens ont rapporté des perles de verre au XVIe siècle et les perles ont été incorporées dans des sacs et des accessoires. La technologie de fabrication des perles de verre a été introduite au Japon depuis Venise ou les Pays-Bas par l’intermédiaire de commerçants hollandais et chinois à l’époque d’Edo. À cette époque, les perles étaient appelées « boules hollandaises » ou « boules étrangères » et étaient utilisées pour décorer des accessoires de coiffure, de la verrerie et des figurines. Après la Seconde Guerre mondiale, le Japon a commencé à fabriquer lui-même des perles de haute qualité et est devenu, avec la République tchèque, l’un des principaux fabricants de perles de verre.
La résidence pour artistes au Mont-Riding est offerte grâce à un partenariat entre le Conseil des arts du Manitoba et le Parc national du Mont-Riding.
Un séjour au chalet de Deep Bay vous intéresse? Renseignez-vous sur la façon de présenter une demande à la résidence pour artistes au Mont-Riding par l’entremise du volet de subventions Apprentissage – Résidences. Envoyez votre demande au plus tard le 15 janvier 2024 pour une résidence à l’été de 2024.