Ian Bawa | Résidence pour artistes au Mont-Riding 2023

La résidence pour artistes au Mont-Riding donne aux artistes professionnels du Manitoba le temps de se concentrer sur leur travail dans le splendide milieu naturel du parc national du Mont-Riding.

Le prochain artiste résident pour 2023 est Ian Bawa. Avant de s’installer dans le chalet historique de Deep Bay, Ian a répondu à quelques-unes de nos questions sur son travail et sur la manière dont il passera sa résidence.


CAM : Parlez-nous un peu de votre pratique et de vous en tant qu’artiste.

Ian Bawa : Je suis cinéaste sud-asiatique habitant à Winnipeg, au Manitoba. Au départ, j’ai fait mes études pour devenir avocat, mais après le décès de ma mère, j’ai décidé d’abandonner l’école de droit pour poursuivre une carrière en cinéma, et je ne l’ai jamais regretté. J’ai dû bûcher, jouer des coudes et mordre la poussière pendant de nombreuses années pour devenir un artiste à temps plein qui peut passer presque 100 % de son temps sur ses propres projets, et pour cela, je suis plein de gratitude.

Parlez-nous du projet qui occupera votre temps au chalet de Deep Bay. 

Je travaillerai sur un court documentaire expérimental intitulé Brown Envelope. Brown Envelope jette un regard approfondi sur les thèmes de l’immigration dans les années 1990, de la discrimination systémique et du racisme en milieu de travail, et sur les répercussions mentales et physiques qu’ils peuvent avoir sur la personne qui y est confrontée et sur sa famille.

En mai 1992, mon père a été accusé de harcèlement par ses collègues à l’installation de traitement de courrier de Postes Canada à Winnipeg. Ne sachant pas exactement de quoi on l’accusait, mon père a été contraint de travailler à l’arrière de l’installation et on a commencé à lui donner moins de quarts de travail pour finalement l’inciter à démissionner. Après avoir été traité de la sorte pendant des mois, mon père a engagé un avocat et a porté plainte, affirmant que les accusations de harcèlement étaient fondées sur la diffamation et le racisme. À l’automne 1995, mon père a obtenu gain de cause. Cependant, les nombreuses années qu’il a fallu pour obtenir cette victoire ont causé beaucoup de stress et de difficultés à mon père et à ma famille, tant sur le plan personnel que financier.

À l’époque, j’avais six ans et je ne comprenais pas très bien ce qui se passait avec mon père ou ma famille. Je savais seulement que mon père était souvent à la maison, qu’il était constamment contrarié et en colère, et qu’il enregistrait régulièrement ses appels téléphoniques. À l’âge de neuf ans, lorsque l’affaire était réglée, j’avais oublié tout cela et je n’y ai jamais repensé. Ce n’est qu’en octobre 2020, après la mort de mon père, que j’ai découvert des boîtes contenant des dossiers et des enregistrements que mon père avait conservés.

Ce documentaire fait appel aux dossiers de mon père, aux notes qu’il a prises tout au long de l’affaire, aux enregistrements audio des appels téléphoniques de mon père, aux entretiens avec les personnes impliquées dans l’affaire, ainsi qu’à mon propre témoignage et à ma réaction face à la découverte de cette histoire.

Quelle est votre relation avec le parc et qu’est-ce que vous avez le plus hâte d’explorer?

Quand j’étais jeune, mes parents louaient occasionnellement un chalet au Parc national du Mont-Riding. Nous passions au moins une semaine là-bas et c’était comme des mini-vacances pour nous. Pour ma part, comme je n’ai pas beaucoup voyagé pendant mon enfance, ça me semblait comme un tout nouveau monde, et j’en ai de beaux souvenirs, comme explorer la forêt, le village et les sites touristiques avec la famille.

J’ai hâte de retourner au Mont-Riding pour ressentir la nostalgie de m’y retrouver et n’avoir rien d’autre à faire que travailler sur moi-même et sur mon propre projet. Se rendre à un chalet et oublier le monde qu’on a quitté est quelque chose qui s’apparente à la jeunesse. Je crois que c’est un sentiment que je ressentais quand j’étais jeune et que je venais en vacances au Mont-Riding, et que j’ai en quelque sorte perdu à l’âge adulte.

Quelle influence ou inspiration espérez-vous retirer de votre projet ou de votre pratique dans le parc?

Mon objectif est de profiter des semaines passées au Mont-Riding pour définir la structure de l’histoire, numériser et transcrire les cassettes, et commencer à constituer la structure de ce film. Je crois que ma santé mentale et ma créativité trouveront un meilleur soutien dans un environnement loin de la maison et des pensées associées à la mort de mon père. Ce ne sera jamais facile d’écrire une histoire sur mon père et la façon dont il a souffert au travail, mais le souvenir de son décès qui m’envahit constamment a rendu la tâche difficile, et un chalet tranquille est l’endroit idéal pour m’aider à rassembler mes idées et mes souvenirs pour que ce film prenne forme.

Y a-t-il autre chose que vous aimeriez partager avec les lecteurs et la communauté du Parc national du Mont-Riding?

Mon chien m’accompagnera au Mont-Riding! Elle fait partie de mon processus artistique parce qu’elle m’oblige à me détendre, à faire des pauses et à aller faire des marches. Si vous nous voyez passer, n’hésitez pas à nous dire bonjour! (Elle est très facile à reconnaître puisqu’elle n’a qu’un œil.)


La résidence pour artistes au Mont-Riding est offerte grâce à un partenariat entre le Conseil des arts du Manitoba et le Parc national du Mont-Riding.

Un séjour au chalet de Deep Bay vous intéresse? Renseignez-vous sur la façon de présenter une demande à la résidence pour artistes au Mont-Riding par l’entremise du volet de subventions Apprentissage – Résidences. Envoyez votre demande au plus tard le 15 janvier 2024 pour une résidence à l’été de 2024.