Dans le but de vous aider à préparer la meilleure demande de subvention possible au CAM, nous avons fait appel à quelques évaluateurs qui ont siégé à un comité d’évaluation par des pairs au cours de la dernière année. Au cours des prochains mois, nous partagerons certains de leurs conseils sur la façon de produire une demande de subvention qui sera acceptée et comment préparer une proposition de projet, et vous livrerons aussi des astuces provenant de la salle de réunion des experts.
Née à Montréal, où elle s’est établie, Lydie Dubuisson est créatrice de théâtre, dramaturge, réalisatrice et conteuse. Elle s’intéresse à l’intersectionnalité, à la réalité dystopique et à la mémoire collective. Dubuisson est l’auteure de Quiet (2018 Discovery Series – Black Theatre Workshop) et l’une des co-auteures de Blackout: The Concordia Computer Riot (Tableau d’Hôte Theatre) et de Sharing Our Stories, Telling Our Lives (Teesri Duniya). Elle écrit actuellement sa deuxième pièce de théâtre, intitulée Sanctuary. Elle est associée artistique du Black Theatre Workshop et dramaturge/réalisatrice au Teesri Duniya Theatre.
En tant qu’évaluatrice, que recherchez-vous pour qu’une demande de subvention soit acceptée?
Une subvention est un investissement de la part des contribuables, alors je recherche des projets qui, d’une manière ou d’une autre, desserviront la communauté.
En tant qu’évaluatrice, je suis à la recherche de propositions qui stimulent mon intelligence, soit au moyen d’une méthodologie novatrice, d’un nouveau point de vue, d’une révélation ou de quelque chose qui sort des sentiers battus.
Une demande de subvention réussie présente une vision claire des choses ainsi qu’un objectif clair; l’évaluateur ne devrait avoir aucun doute quant à la nature ou la faisabilité du projet. Il est donc important de décrire précisément son idée et la façon dont on prévoit de réaliser sa création à l’aide d’un calendrier réaliste, de collaborateurs appropriés et d’un budget adéquat.
La demande de subvention devrait également comporter des documents justificatifs convaincants. Même si ces documents correspondent à un travail antérieur sans rapport à la demande, il est essentiel de mettre en évidence le potentiel du candidat afin de gagner la confiance de l’évaluateur.
Quelle est la plus importante lacune des demandes de subvention?
L’une des principales lacunes est de ne pas avoir suffisamment de collaborateurs pour accomplir le travail. Même si vous ne savez pas à qui vous allez déléguer la charge de travail, il est important de planifier l’embauche de professionnels qui rehausseront les qualités esthétiques de votre création.
Pour en savoir plus : Honoraires
S’attendre à recevoir des fonds d’une seule et même source constitue également une lacune. Même s’il s’agit de petits montants, une aide financière de la part d’autres institutions suscite la confiance.
Enfin, de mon point de vue, une idée dépassée qui s’appuie sur le statu quo comme justification est aussi une lacune. Même si la demande est parfaite, si l’idée est régressive ou qu’elle manque de dynamique, c’est un signal d’alarme majeur à mes yeux.
« Bien qu’une idée audacieuse combinée à une méthodologie unique soit très attrayante, ce qui distinguera votre demande, c’est votre passion, qui devrait être contagieuse. »
Pour les subventions du CAM, on attend des demandeurs qu’ils parlent de l’intégrité culturelle de leur projet. En tant qu’évaluatrice, quelle importance accordez-vous à l’intégrité culturelle dans une proposition de projet, et que recherchez-vous comme réponse?
L’art doit être inclusif et doit représenter une expérience sécuritaire pour toutes les cultures. Le manque d’intégrité culturelle contribue à l’effacement culturel ou à l’appropriation culturelle.
L’intégrité culturelle ne s’arrête pas à l’empathie; il faut aussi une profonde compréhension de l’influence de l’art sur la société, ce qui permet de consciemment prendre position afin de contrecarrer le manque de représentation dans les arts et ainsi, de mettre fin à l’effacement des cultures opprimées ou invisibles. L’intégrité culturelle, c’est être conscient de sa propre histoire, de sa situation, de ses privilèges et de ses limites. Il s’agit de s’ouvrir à son authenticité et de l’accepter, tout on le fait de ses limites.
Même si le projet ne semble pas se rapporter à l’intégrité culturelle, cette question offre à chacun l’occasion de réfléchir sur le sujet et de participer à l’évolution de notre société.
Comment prépare-t-on une demande qui se démarquera de la concurrence?
Bien qu’une idée audacieuse combinée à une méthodologie unique soit très attrayante, ce qui distinguera votre demande, c’est votre passion, qui devrait être contagieuse. Partagez votre enthousiasme avec les évaluateurs afin qu’ils se souviennent de vous.
Permettez au jury d’entrevoir votre monde en lui racontant vos expériences, vos succès, vos luttes, vos rêves, et ainsi de suite. Ne soyez pas humble : défendez votre cause. Soulignez à quel point les fonds du Conseil des arts sont essentiels pour votre projet de création et votre carrière. Soulignez l’impact potentiel de votre projet sur votre communauté. Demandez à des artistes et à des institutions qui vous connaissent d’écrire des lettres d’appui à votre proposition.
Et, encore une fois, des documents justificatifs convaincants peuvent faire des merveilles pour une demande.
En quoi votre expérience en tant qu’évaluatrice a-t-elle changé la façon dont vous abordez la rédaction de demandes de subvention?
Mon rôle d’évaluatrice m’a appris deux choses.
Tout d’abord, au lieu de « prêcher à des convertis », j’écris ma demande de manière à convaincre les évaluateurs qui n’ont peut-être pas les mêmes interprétations que moi. J’explique en détail tous les termes, tous les concepts et tous les points de vue afin qu’ils reconnaissent (au moins) la légitimité de ce que je souhaite créer. Cet état d’esprit m’empêche de prendre des raccourcis et m’aide à surpasser les normes que je me suis fixées.
Deuxièmement, je comprends maintenant à quel point le processus est réellement concurrentiel. Cela me brise le cœur, en tant qu’évaluatrice, de lire toutes ces propositions étonnantes sachant que moins de 20 % d’entre elles recevront une subvention. Maintenant, lorsque je rédige une demande de subvention, je comprends que ma demande en sera une parmi bien d’autres qui présentent des idées aussi bonnes que les miennes, sinon meilleures. Cette prise de conscience me pousse à rêver intensément dans l’espoir d’impressionner le jury.
Pour obtenir de plus amples renseignements, des vidéos et des ressources pour vous aider à préparer une demande de subvention au CAM, consultez notre page intitulée Comment présenter une demande.