Discours inaugural par Akoulina Connell
AGA des Manitobains pour les arts 2016
Le 20 septembre 2016
Bonjour. Je suis heureuse de me trouver parmi vous tous aujourd’hui.
Megwich à Barbara et Clarence Nepinak qui vont diriger la cérémonie pour nous aider à souligner convenablement le fait que nous sommes actuellement réunis sur le territoire du Traité no 1.
Merci aux personnes suivantes de m’avoir invitée à titre de conférencière à l’AGA de la haute direction des Manitobains pour les arts :
- Camilla Holland, présidente du comité de défense des intérêts
- Lynne Skromeda, présidente du comité de mobilisation
- Thom Sparling, président du comité de recherche
- Nicole Matiation, trésorière
Nous n’avons pas fait grand bruit à ce sujet jusqu’à présent, mais voilà, c’est dit : nous fêtons nos 50 ans. Depuis 50 ans, nous nous adaptons à l’écosystème artistique en constante évolution du Manitoba en ajoutant de nouveaux programmes. Nous offrons maintenant plus de 50 programmes. Nous examinons de très près la situation. Notre personnel a pris part à une journée de planification du changement durant laquelle nous avons étudié comment réorganiser le cadre de travail qui régit les activités financées afin de faciliter la navigation pour les clients et d’améliorer la flexibilité dans le soutien aux activités créatives.
Le CAM fête ses 50 ans.
Le CAM organisera une séance de planification stratégique vers la fin d’octobre. Nous déterminerons de nouvelles initiatives stratégiques et les résultats, étant donné le vent de changement dans un contexte plus élargi. Je suis impatiente de travailler directement avec notre communauté culturelle diverse afin de m’assurer que les changements apportés seront appropriés.
J’occupe maintenant le poste de PDG du Conseil des arts du Manitoba depuis deux mois et demi. Au cours de ces semaines, j’ai rencontré tous les membres de la collectivité qui en ont fait la demande. J’ai été impressionnée par votre engagement envers l’excellence et le travail intègre dans vos divers milieux communautaires et, plus que tout, par votre candeur. Il est évident qu’un appétit pour le changement règne au Manitoba.
Un peu de contexte
Le rapport Massey-Lévesque, complété après la Seconde Guerre mondiale, visait certains des objectifs ambitieux suivants :
- Des mécanismes de financement public pour la recherche en sciences et en sciences sociales, ainsi que du financement pour les arts; le tout, indépendamment du gouvernement et par l’entremise d’un processus rigoureux d’examen et de sélection par les pairs. Le but était de veiller à ce qu’aucun intérêt politique ni commercial ne s’immisce dans des activités qui sont fondamentalement critiques, intellectuelles ou qui incarnent la libre expression. Ceci assure une démocratie forte, car cela signifie que la diversité de pensée et le contexte critique sont préservés.
- La diffusion de reportages de nouvelles et de contenu culturel au moyen de CBC et de Radio-Canada était jugée essentielle pour réduire l’isolement dans notre vaste pays.
- Compte tenu de la présence d’un voisin imposant au sud de la frontière (É.-U.) qui conçoit des produits culturels et de nos liens étroits avec les puissances coloniales (Grande-Bretagne, France), la création d’une identité nationale propre au Canada était une priorité.
- La construction d’une infrastructure culturelle – tant matérielle qu’humaine – était aussi une préoccupation.
Dans le contexte de la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’économie était en plein essor et peu d’attention était accordée à l’environnement : l’économie du Canada était fondée sur les ressources naturelles, ainsi que sur l’agriculture et les pêches.
Cependant, dans la même période d’après-guerre, les langues et les pratiques culturelles de nos Premières Nations ont été démantelées de façon systématique par un investissement public soutenu dans les pensionnats.
Le contexte a changé.
La démographie canadienne a changé et celle du Manitoba aussi. Notre culture est diversifiée. Notre population autochtone grandit rapidement et, en moyenne, est plus jeune que le reste des habitants de la province. Les pêcheries s’effondrent. L’environnement est mis à l’épreuve. L’agro-industrie à grande échelle transforme nos fermes. Notre économie est en croissance léthargique. La main-d’œuvre canadienne est de plus en plus atypique – soit le profil même du travailleur connu depuis longtemps par les artistes et les organismes artistiques.
Le rapport de la Commission de vérité et réconciliation renfermait des recommandations, dont celle de préserver et de soutenir les langues et les pratiques culturelles des Autochtones. L’appel à l’action au Conseil des arts du Canada doit aussi être pris en compte par les conseils provinciaux .
83. Nous demandons au Conseil des arts du Canada d’établir, en tant que priorité de financement, une stratégie visant à aider les artistes autochtones et non autochtones à entreprendre des projets de collaboration et à produire des œuvres qui contribueront au processus de réconciliation.
Les arts et la culture sont des catalyseurs extraordinaires pour la médiation interculturelle. Nous devons nous montrer plus inclusifs dans nos jurys, nos processus, nos structures organisationnelles et nos programmes, tant dans les milieux ruraux qu’urbains. De cette façon, nous serons en mesure de mieux refléter la beauté et la complexité de l’identité manitobaine.
Vecteurs de changement
Un vent de changement souffle sur tous les niveaux de financement des arts en ce moment. Le Conseil des arts du Canada et Patrimoine canadien revoient leurs programmes. Le Gouvernement du Manitoba s’est engagé à élaborer sa toute première stratégie culturelle. Le Conseil des arts du Manitoba effectue un examen complet de ses programmes et entreprend un processus de planification stratégique qui sera suivi d’une consultation publique. Au niveau de la collectivité, les priorités sont aussi réévaluées. Une occasion sans précédent s’offre à nous de travailler ensemble afin que les efforts à tous les niveaux se rejoignent, de sorte à créer les possibilités les plus solides d’accorder un financement et un soutien appropriés aux artistes, aux organismes et aux institutions culturelles du Manitoba.
Nous devons parler. Écouter. Échanger. Réfléchir. Puis nous devons agir, et agir de concert, dans le meilleur intérêt de tous. Nous avons la possibilité de devenir le changement que nous souhaitons voir. Le moment est propice : saisissons l’occasion.
Merci de votre écoute et de votre accueil chaleureux au Manitoba. Je suis impatiente de m’entretenir avec vous tous dans les jours, les semaines et les années à venir.